Éloge de la phobie by Aubert Brigitte

Éloge de la phobie by Aubert Brigitte

Auteur:Aubert, Brigitte [Aubert, Brigitte]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller
ISBN: 9782702493588
Éditeur: Le Masque
Publié: 2000-08-31T22:00:00+00:00


Jeanne

Il a encore disparu ! Je pensais qu’il avait compris et qu’il allait me rejoindre dans ma cabine pour qu’on puisse parler tranquillement loin des grandes oreilles de Scott Vernon ou des Jumeaux. Mais non, monsieur s’évapore dans les couloirs.

Avec ça, j’ai eu toutes les peines du monde à me débarrasser de la Suzanne. Elle voulait que je vienne prendre un verre dans sa cabine. Beurk !

Je préfère boire ma vodka seule et paisible. Encore un petit verre.

Mais qu’est-ce qu’il fiche ?

Sandra et Joost : pathétique. Dès qu’elle a su que c’était Vernon, l’auteur millionnaire, elle s’est allumée comme un néon de motel signalant que la chambre est vacante.

Cette fille est promise à une grande carrière de gourgandine.

Ma vieille, n’emploie jamais ce genre de mot avec des jeunes, ils croiraient que tu as cent ans !

Eh non, je n’ai pas encore cent ans. Bon Dieu, je croyais que vous aviez foutu le camp. Sales espions. Et le frère de Hill, qu’est-ce qu’il fout sur ce bateau ? Il nous espionne aussi ? Je l’ai vu en grande conversation avec les Jumeaux, à l’abri des plantes vertes en plastique. Dites-lui bien que je n’ai rien à dire ! Rien, vous m’entendez ?!

On a frappé. Trois coups, un silence, trois coups.

— Thomas ?

— Ouvrez-moi !

Thomas-le-Fuyard tout agité. Il file au fond de la cabine comme un cabri. Je ferme la porte après avoir vérifié que personne ne l’avait vu entrer.

Il a l’air extrêmement nerveux.

— Vous voulez une goutte de vodka ?

— Non merci. Écoutez…

Je lui tends mon visage le plus écoutant. Il se ferme.

— Non… rien.

Il commence à m’énerver. Je lève la main :

— Écoutez-moi, vous ! Vous êtes peut-être un jeune malade mental débutant, mais moi je suis une professionnelle aguerrie et je ne vais pas me laisser intimider par vos atermoiements !

— Quoi ?

— Atermoiements : ça signifie hésitations. Vous parlez français ?

— Je parle le français courant, pas celui qu’on apprend dans des cours, me répond-il avec son regard de barjo malin.

Migraine. Je la sens poindre. Vodka. L’alcool est mauvais pour la circulation cérébrale, très bien, merci, c’est génial, j’ai un ange gardien implanté dans le cortex. C’est mauvais pour mes vaisseaux sanguins, mais qu’est-ce que c’est bon pour mon moral.

Le Thomas s’est assis sur le petit tabouret, il frappe de son poing fermé dans sa paume. Grand poing, grande paume. Je n’aimerais sentir ni l’un ni l’autre fondre sur mon visage.

— Vous êtes sûr que vous n’en voulez pas ?

Je lui tends la flasque. Il hausse les épaules. Laisse tomber :

— Suzanne est morte.

J’ai dû mal entendre. La vodka, mes synapses…

— Suzanne est morte ! répète-t-il en me dardant un regard de braise.

— Suzanne… répété-je lentement. Excusez-moi, mais je suis un peu sourde…

— Elle est morte. Au sous-sol. Crise cardiaque.

Allons bon. Une épidémie de crises cardiaques. Dans un bateau rempli de vieillards, je suppose que c’est plus contagieux que la varicelle…

Suzanne est morte ?! Mais qu’est-ce qu’il raconte ?!

— Morte ? Mais comment ?

— Je viens de vous le dire.



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